Une prière avant l’aube : Midnight Express version boxe.

Adaptation du livre A Prayer Before Dawn : A Nightmare in Thailand, Une prière avant l’aube, qui sort en salle mercredi 20 juin, est une histoire vraie, celle de Billy Moore, jeune boxeur anglais incarcéré dans une prison en Thaïlande pour détention de drogue. Dans cet enfer, il est rapidement confronté à la violence des gangs et n’a plus que deux choix : mourir ou survivre. Lorsque l’administration pénitentiaire l’autorise à participer à des tournois de Muay-Thai, Billy donne tout ce qui lui reste.

Réalisé par Jean-Stéphane Sauvaire, le film a été présenté en sélection officielle à Cannes en 2017 et est interdit aux moins de 16 ans en raison de scènes violentes. Billy Moore, le vrai, a été condamné à trois ans de prison. Il a été incarcéré deux ans avant de finir sa dernière année de peine en Angleterre. Le réalisateur a voulu un film «à la première personne» où le spectateur épouse le point de vue et les sensations du personnage principal. Le film a été réalisé avec des acteurs non professionnels. Quant aux combats, ils ont été été chorégraphiés et filmés en plan-séquence, c’est-à-dire sans coupure.


Trois questions à Jean-Stéphane Sauvaire, réalisateur*

Qu’est-ce qui vous a séduit dans Une prière avant l’aube ?

Jean-Stéphane Sauvaire : «Tout d’abord, le fait qu’il s’agisse d’une histoire vraie, l’authenticité même de cette histoire, la Thaïlande, la boxe, l’univers de la prison, et surtout le personnage de Billy Moore, passionnant jusque dans ses contradictions, dans ses conflits intérieurs, son addiction, dans toute sa complexité. C’est au départ Rita Dagher qui m’a parlé de ce projet et proposé ce scénario qu’elle produisait avec Hurricane films. J’ai ensuite lu le livre (A Prayer Before Dawn : A Nightmare in Thailand) qui relate l’expérience de Billy, de son enfance à sa sortie de prison. Puis j’ai rencontré Billy à Liverpool et j’ai immédiatement été séduit par lui. C’est quelqu’un d’extrêmement sensible, à fleur de peau, malgré l’extrême violence qui semble l’habiter».

Comment s’est déroulé le tournage ?

J.-C.S. : «Nous avons tourné le film avec une équipe venant d’Europe, très réduite. David Ungaro, le chef opérateur, Nassim El Mounabbih, ingénieur du son, Karine Nuris, coach, Stacey Holman, la maquilleuse de Joe Cole et David Ismalone, régleur des combats qui lui est basé à Bangkok. Le reste de l’équipe était entièrement thaïlandaise. Je voulais garder cette idée de travailler avec une équipe souple et légère, pour laisser toute liberté aux acteurs».

Comment Joe Cole a vécu le tournage ?

J.-C.S. : «Avant le tournage, j’ai tout d’abord voulu lui présenter Billy Moore à Liverpool, lui faire rencontrer sa famille, ses amis, partir des racines même du personnage. Un lien fort s’est noué entre eux et ils ont commencé à échanger régulièrement par rapport au personnage. Puis Joe est venu s’entraîner en Thaïlande, dans différents camps de boxe avant de rencontrer les acteurs du film, avec qui on a beaucoup répété. Ensuite le tournage, je crois, a été pour lui une expérience forte, physiquement et émotionnellement intense. Il a duré 30 jours et chaque jour ou presque, Joe avait une séquence de combat à assurer. Ce qui au départ était impressionnant pour lui, c’était aussi de se retrouver seul face à des acteurs thaïlandais non professionnels qui ne trichaient pas, et étaient là pour raconter leur expérience, leur passé, presque comme quelque chose de thérapeutique ; du coup, cette altérité et cette interaction remettaient en question son propre jeu. Joe devait s’adapter et se mettre à nu lui aussi. Un acteur peut avoir tendance à se cacher derrière son personnage. Ici, il a dû donner une part de lui-même. Même dans son rapport au corps. Les autres acteurs avaient leurs corps de prisonniers, prêts, tatoués ou de boxeurs, entraînés au combat ; lui a dû s’en préparer un afin d’entrer dans son personnage de boxeur. Il a dû travailler pendant plusieurs mois sur son corps pour en faire une armure, pour se protéger car il savait dès son premier jour de tournage dans la prison que ce qu’il allait avoir à affronter serait dur et physique. Joe, qui avait des bases de boxe anglaise mais pas de boxe thaï, a fait un travail intensif, avec l’aide de David Ismalone, pour être capable de combattre face à ces champions, et pour posséder cette bestialité tout en conservant sa vulnérabilité».

* Extraits du dossier de presse d’une prière avant l’Aube. Propos recueillis par Romain Le Vern