La commission d’enquête sénatoriale sur la financiarisation du football a fait usage jeudi 12 septembre 2024 de ses pouvoirs de contrôle en effectuant un déplacement dans les locaux de la Ligue de Football Professionnel (LFP), a-t-elle annoncé deux jours après la réélection de Vincent Labrune à sa présidence. Facilement reconduit à la tête du football professionnel français malgré d’importantes secousses ces derniers mois, notamment sur le volet des droits audiovisuels, le président de la LFP continue de faire face à la vigilance du Sénat.
La chambre haute s’interroge en particulier sur les contours du contrat signé en 2022 entre la Ligue et le fonds d’investissement CVC Capital Partners, qui a apporté 1,5 milliard d’euros au football professionnel français contre environ 13% de ses recettes commerciales à vie. A l’issue de leur déplacement, pour lequel la LFP avait été prévenue vendredi dernier à 19h30 avec une liste de documents à préparer, Laurent Lafon, le président de la Commission, et Michel Savin, son rapporteur, ont fait “un point d’étape” sur leur travaux.
« Qu’ont fait les clubs de l’apport de 1,5 milliard d’euros de CVC qui ne semble pas avoir eu un impact sur le montant des droits TV ? Où est la stratégie, l’amélioration promise et la qualité du produit ?,» s’est ainsi interrogé Michel Savin lors d’un point presse. Les deux sénateurs multiplient les auditions depuis le printemps et entendent relancer un nouveau cycle de rendez-vous en cette rentrée. Selon le rapporteur, leur rapport devrait être remis dans la deuxième quinzaine d’octobre.
Où est l’effet CVC ?
La commission d’enquête a notamment prévu d’entendre Cyril Linette, candidat malheureux à la présidence de la LFP, ainsi que les dirigeants de DAZN et Bein Sports, qui se partagent les droits audiovisuels de la Ligue 1, et Amélie Oudéa-Castera, la ministre démissionnaire des Sports. Laurent Lafon et Michel Savin, qui pointent notamment “un contraste entre le train de vie de la Ligue et la situation des clubs”, souhaiteraient que l’État et la Fédération Française de Football (FFF) s’impliquent davantage dans la gestion du football professionnel, dévolu à la Ligue, en subdélégation de service public.
Les travaux du Sénat ont déjà beaucoup tourné autour de la question sensible des droits audiovisuels de la Ligue 1, attribués après d’âpres négociations à la plateforme britannique de streaming DAZN (8 matches par journée) et à Bein Sports (le 9e match) pour un montant annuel total d’environ 500 millions d’euros, bien loin de la manne initialement espérée.
« DAZN réalise sans doute un bon travail mais plutôt à l’économie: pas de magazine, ni de multiplex pour un coût (d’abonnement) qui est rédhibitoire pour de nombreux consommateurs. Le prix est plus élevé et la qualité est bien moindre qu’avec Amazon [diffuseur de la L1 de l’été 2021 à juin 2024]. Ce n’est pas le résultat qui était attendu de l’opération avec CVC,» s’est encore étonné Michel Savin. (Avec AFP)
© SportBusiness.Club Septembre 2024