Un spa, une piscine intérieure et un restaurant coté de la région. Et pourtant, les coureurs d’AG2R La Mondiale ont boudé les plats mitonnés par le chef de cet hôtel cinq étoiles où ils résidaient pour préférer ceux concoctés dans un food-truck installé sur le parking. A Bruxelles, au départ du Tour de France, l’équipe française comme la quasi totalité des autres teams* disputant la Grande Boucle, s’est déplacée avec ses casseroles, son camion-cuisine et son cuistot au volant et aux fourneaux. Comme les coureurs, il sillonne les routes d’Europe durant la saison, au grès des compétitions.
C’est la fin de l’après-midi en cette veille de départ et Benoît s’active dans son petit espace ambulant. Il sort du four un pain à l’épeautre. «Je l’ai fait avec de la farine bio», précise ce Belge qui régale les cyclistes d’AG2R La Mondiale depuis trois ans. «Ce soir, j’ai préparé une soupe de melon avec chèvre, tomate et basilic en entrée, puis du saumon accompagné de carottes et d’avocats, détaille-t-il. Enfin, en dessert ce seront des fruits rouges. Et, ah oui, il y aura aussi du riz et des pâtes.» Ouf, les incontournables féculents indispensables aux sportifs ne seront pas absents.
Des barres céréales faites maison
Benoît est arrivé par hasard dans cette aventure. «J’avais un food-truck, et on m’a contacté pour ce job, explique-t-il. Ils cherchaient un cuistot capable d’être autonome, débrouillard et pas trop fan de sport et de cyclisme. Ce n’est pas plus mal, car on ne voit rien de la course.» Logé parfois dans l’hôtel des coureurs, mais souvent aussi ailleurs, beaucoup plus loin, selon la région et les disponibilités hôtelières, Benoît cuisine, fait aussi les courses et, surtout, conduit son camion-fourneaux de ville en ville, d’hôtel en hôtel. Il s’installe sur le parking, à l’écart des camions ateliers de l’équipe et de la partie sportive. «Je prépare le petit-déjeuner, le ravitaillement, avec des barres céréales maison, puis je file à l’hôtel de la ville arrivée pour le repas du soir», raconte-t-il.
Etre cuistot d’une équipe cycliste c’est aussi veiller paternellement sur ses coureurs. «Je les connais bien tous, ainsi que leurs habitudes, mais il n’y a pas de repas particulier pour untel ou untel, excepté Romain Bardet qui mange sans gluten, confie Benoît. L’important est de varier tous les jours. Les repas et les apports caloriques sont différents, selon la difficulté de l’étape du lendemain.» Si le riz ou les pâtes ne sont généralement jamais très loin de ce quotidien, d’autres plats, en revanche, sont bannis. «Des frites ? Vous avez vu une friteuse ici ?» Presque une faute de goût pour un cuistot belge.
© SportBusiness.Club. Juillet 2019
(*) Certaines équipes, comme Ineos et Total Direct Energie, disposent même d’un camion salle à manger pour leurs coureurs.