Avec le cricket aux Jeux, le CIO veux élargir son horizon 🔓

La Commission exécutive du Comité international olympique (CIO) devrait entériner ce jeudi 12 octobre 2023 l’arrivée du cricket au programme des Jeux olympiques de Los Angeles 2028. Un appel du pied à tout le sous-continent indien qui marque sa volonté de séduire de nouvelles audiences tout en préservant la tradition. L’instance sportive mondiale est justement à Bombay jusqu’à mardi pour sa 141e Session. La validation des “sports additionnels” proposés par les organisateurs des Jeux de 2028 est au programme.

Le cricket, comme le base-ball ou le flag-football viendraient s’ajouter aux 28 disciplines olympiques déjà établies. Toutefois, ces “sports additionnels”, mêle en réalité expérimentations éphémères, tels le karaté à Tokyo en 2021 et le breaking à Paris en 2024, et premiers pas olympiques de sports avec l’espoir de s’inscrire dans la durée.

Ce fut notamment le cas de l’escalade, du skate et du surf. Apparus lors de l’édition japonaise en 2021 et reconduits aux Jeux de Paris 2024, ils sont désormais inclus d’emblée dans le “programme sportif initial” des Jeux de 2028… à la place de la boxe, de l’haltérophilie et du pentathlon moderne, trois autres disciplines laissés sur le banc en attendant de jauger leurs réformes.

L’Inde en 2036 ?

Parmi les disciplines présentées par les organisateurs de Los Angeles figurent donc le “flag football”, une variante sans plaquage et moins agressive du football américain, le baseball/softball, le squash, la crosse, un sport collectif dérivé des cultures amérindiennes, et enfin le cricket, dont l’ancrage californien est pourtant peu évident. L’immense popularité de la discipline se retrouve dans une des régions les plus imperméables à l’olympisme. Quant au volet historique, le cricket a jusqu’alors fait une unique apparition aux Jeux, à Paris en 1900. Seules deux équipes hétéroclites étaient engagées : les Anglais avaient battu les Français lors d’un unique match.

En fait, c’est surtout pour le CIO que le retour de ce sport aux Jeux a du sens. « Les droits TV de LA 2028 sont déjà vendus aux Etats-Unis mais pas encore en Inde, où l’arrivée du cricket garantirait de bien meilleures audiences, » souligne Jean-Loup Chappelet, spécialiste de l’olympisme à l’Université de Lausanne (Suisse). D’autant que l’Inde, qui vient de détrôner la Chine comme pays le plus peuplé au monde, accueille jusqu’au 19 novembre la Coupe du Monde de cricket. Le match d’ouverture a rassemblé jusqu’à 130 000 spectateurs. De quoi faire rêver même une Coupe du monde de football.

la boxe en sursis

Seulement 48e au tableau des médailles des Jeux de Tokyo 2020, l’Inde est également le seul grand pays avec l’Argentine à n’avoir jamais accueilli les Jeux. Une lacune peut être vouée à être comblée dès 2036, quand la règle non écrite de la rotation continentale pourrait ramener en Asie la grand-messe olympique après l’édition 2032 déjà attribuée à Brisbane en Australie. Cependant, en 2010, l’organisation à Delhi des Jeux du Commonwealth avait soulevé nombre de critiques à cause de la qualité des infrastructures, des retards, des inondations, et des conditions sanitaires.

« Mais, tous les présidents du CIO veulent le plus de candidatures possibles pour les Jeux, » surtout dans une période où elles ont tendance à se raréfier, relève Jean-Loup Chappelet. Le cricket ne sera toutefois pas le seul enjeu pour la commission exécutive. La dizaine de membres de celle-ci devront trouver un équilibre entre l’envie de nombreuses fédérations internationales d’intégrer les Jeux et le souci de maintenir un quota de 10 500 athlètes environ.

L’instance sportive devra notamment trancher le sort de l’haltérophilie, minée par le dopage, du pentathlon moderne, inventé par Pierre de Coubertin mais discrédité à Tokyo par les accusations de maltraitance animale, et de la boxe, dont la fédération a perdu sa reconnaissance olympique après une cascade de scandales portant sur la gouvernance comme sur l’arbitrage. L’haltérophilie comme le pentathlon devraient sauver leur place aux Jeux grâce à leurs efforts de réforme Quant à la boxe, sport olympique historique et populaire, elle est assurée d’être à Los Angeles, mais rien ne garantit son avenir ensuite. (Avec AFP)

© SportBusiness.Club Octobre 2023