Au Mans, quelques dizaines de mètres après la ligne de départ du circuit Bugatti, le chapiteau du studio éphémère de Canal+ se dresse telle une tour de contrôle. C’est sur la terrasse de l’espace hospitalité de Motul que la chaîne a installé ses micros et caméras pour le Grand Prix de France moto dont la course se dispute ce dimanche 19 mai. «C’est le cœur de notre réacteur», confirme Thomas Sénécal, directeur général adjoint de la rédaction de Canal+, en charge des sports mécaniques. «C’est de là que nous pilotons vraiment toute l’antenne,» poursuit le journaliste.
Détentrice des droits du championnat du monde de Moto GP depuis le début de la saison, Canal+ a mis les petits plats dans les grands pour son premier Grand Prix à domicile. «Nous avons huit journalistes et consultants présents, contre cinq habituellement, deux binômes de reporters et exceptionnellement un car régie alors que d’habitude l’essentiel est piloté depuis le siège à Paris,» précise Thomas Sénécal.
Diffuseur de la moto, de la Formule 1, de la Formula-e et de la WRC (rallyes), Canal+ s’est engagée à fond dans les sports mécaniques. Et sur deux-roues, la chaîne se frotte les mains car les tricolores se font voir. Il y a Johann Zarco, le plus connu, et désormais Fabio Quartararo qui il y a une semaine a été le plus jeune pilote à détenir une pole-position. «Oui, c’est un bel alignement des planètes, reconnaît Thomas Sénécal. Nous avons une vraie chance, surtout que nous pouvons être près d’eux.»
Aucun temps morts en Moto GP
La chaîne suit d’ailleurs Johann Zarco de l’intérieur, presque en intimité. «Comme sa machine, le pilote a besoin de se régler, indique le journaliste. On suit tous les ressorts de sa préparation, dans ses points les plus subtils.» Habitué de la F1, Thomas Sénécal estime que les pilotes de Moto GP ne sont pas forcément beaucoup plus accessibles que ceux de la F1. «Mais ils ont une plus grande proximité avec leur public, assure-t-il. Ici, ça sent encore un peu le Continental Circus, l’âge d’or de la moto. Beaucoup de pilotes dorment sur-place, sur le paddock du circuit dans leur mobil-homes.» Une tendance qui revient curieusement en F1.
Dimanche, le jour du Grand Prix, toute l’équipe Moto GP de Canal+ sera mobilisée, et l’agenda ne laissera aucun temps mort. «Contrairement à la F1, en Moto GP ça tourne tout le temps, entre les catégories ou les essais, raconte Thomas Sénécal. Du coup, un week-end de course se prépare longtemps à l’avance. Pendant c’est aussi intense, car les courses durent trois quarts d’heures et on n’a pas le temps de lever le nez des écrans.» L’antenne se règle telle une horloge suisse, tout comme une moto de Grand Prix.
©️ SportBusiness.Club. Mai 2019.
«Faire comprendre que la moto mélange technique, sportif et émotionnel.»
Ancien pilote de Grand Prix, le français Louis Rossi est l’un des consultants moto de Canal+. Il pilote encore lors de courses d’endurance ce qui lui permet de rester en contact avec sa discipline et retranscrire au mieux les sensations auprès du téléspectateurs.
Est-ce difficile pour un pilote moto professionnel de passer derrière un micro ?
Louis Rossi : «Moi j’adore. J’ai toujours aimé faire partager ma discipline avec les passionnés mais aussi les néophytes. Être derrière un micro ou aller chercher des infos pour faire découvrir les coulisses et le côté technique de ce milieu qui me passionne est une chance incroyable. Cela me réjouit. Je suis vraiment très content de ce qui m’arrive et de faire partie de cette aventure avec Canal+.»
Quel rôle vous attribuez-vous comme consultant ?
L.R. : «Ce que j’aime beaucoup quand je discute avec quelqu’un qui ne connaît pas le sport moto, c’est d’arriver à lui faire comprendre à quel point ce sport mélange un côté technique, un côté sportif et un côté émotionnel. Quand on ne connaît pas, on ne voit qu’un être humain sur une moto. Les images sont spectaculaires, mais il faut expliquer tout ce qu’il faut faire pour arriver à ce rendu. Montrer, par exemple qu’il y a toute une équipe autour et que pour y arriver une véritable alchimie doit exister.»
Vous courez encore des épreuves d’endurance. C’est important ?
L.R. : «J’ai gardé mon cuir et je trouve que c’est prépondérant pour avoir un rôle de consultant. Quand on continue à poser ses roues dans des compétitions internationales, cela permet de retranscrire vraiment ce qui se passe. Et ne pas oublier les bases de notre sport.»La moto sur Canal+, cela va fonctionner ?
L.R. : «Il y a un esprit, un savoir-faire unique dans le traitement du sport sur Canal+. Ils ont une relation unique avec le sport. Je pense à la Formule 1, mais aussi au football ou au rugby. Tout ce qu’ils mettent en place est extraordinaire à suivre. Je vois cela grâce aux retours que j’entends des abonnés. Cela prouve que l’on retrouve sur Canal quelque chose qu’il n’y a pas ailleurs. C’est la patte Canal. Et si en plus nos pilotes français font un boulot merveilleux comme on l’a connu dans le passé, ce sera une saison en or.»