Entre coûts de construction d’infrastructures de bâtiments ou de transport et des retombées directes ou indirectes liées à une augmentation de afflux touristique grâce à son effet vitrine, les Jeux olympiques de Paris 2024 garantissent une poussée de croissance immédiate. L’effet dans le temps plus difficile à mesurer. Le prix officiel des Jeux, incluant les paralympiques qui se disputent du 26 août au 8 septembre prochain, se monte à 8,8 milliards d’euros. Selon la ministre démissionnaire des Entreprises et du Tourisme Olivia Grégoire, “on estime que (leurs retombées) seront au total de 9 milliards étalés sur quinze ans”.
T6outefois, les Jeux ont déjà rapporté grâce aux nombreux visiteurs pendant la compétition. Ainsi, le groupe bancaire Visa a décrit une envolée des dépenses touristiques à Paris les trois premiers jours des Jeux olympiques, comparés au même week-end de 2023 : +159% dans les théâtres et musées, +42% dans les supermarchés et épiceries, +36% dans les restaurants, +21% dans les commerces de détail… Visa est partenaire mondial des Jeux et système de paiement par carte exclusif dans les espaces officiels. Les dépenses ont aussi augmenté dans d’autres villes-hôtes comme Saint-Étienne (+214%), Lille (+100%) ou Marseille (+38%).
Une croissance ponctuellement dopée
La Banque de France et l’Insee attendent un effet J.O. sur la croissance du troisième trimestre, de 0,25 à 0,3 point de pourcentage, pour une croissance trimestrielle totale allant jusqu’à 0,5% selon l’Insee. Ce soutien “disparaîtrait en fin d’année”, estime l’Institut de la statistique, avec un PIB en recul de 0,1% au quatrième trimestre, pour une hausse de 1,1% sur l’année, de 0,1 point supérieure à la prévision du gouvernement sortant.
La Bourse de Paris profiterait aussi des JO, selon une étude du cabinet Ned Davis Research (NDR) relayée par le quotidien Les Echos. Celle-ci relève que les Bourses des pays d’accueil ont presque toujours des performances moindres que celles de leurs voisins dans les trois mois précédant l’évènement, avant généralement de s’envoler dans les six mois suivants. Ce fut le cas pour celle de Séoul (Corée-du-Sud) avait ainsi gagné 45% en 1988, celle d’Athènes (Grèce) : +37,8% en 2004. Toutefois, la Chine vécue une année économique noire en 2008 malgré les jeux d’été de Pékin. La Bourse de Paris a été en berne par rapport à ses voisines depuis fin avril (-6,7% selon NDR), conformément au scénario de l’étude.
Une vitrine en or
Le baromètre EY (Ernst & Young) classe ces cinq dernières années la France numéro 1 de l’attractivité en Europe. Le directeur général de Business France Laurent Saint-Martin juge que les patrons d’entreprises étrangères, notamment la quarantaine de dirigeants invités le 25 juillet à déjeuner par Emmanuel Macron, « ressortent de cette séquence avec une image de la France renforcée, valorisée ».
Il va désormais falloir les “marquer à la culotte” pour “s’assurer que leurs prochains investissements trouveront comme destination la France, dans la continuité de ce bel évènement”, a-t-il expliqué à une journaliste de l’AFP.
Certaines entreprises françaises ont également illustré pendant les Jeux “le caractère créatif et innovant” de la France, remarque l’expert économique. Il affirme que “l’entreprise qu’on a peut-être le plus vue sans connaître son nom, c’est Aérophile”, spécialiste du ballon captif, comme celui qui porte la vasque olympique.
Un effet étalé dans le temps
François Asselin, président de la Confédération des PME, résume l’effet économique des JO : « Avant, les marchés liés aux infrastructures » soutiennent l’activité des entreprises participantes. « Pendant [les jeux], l’ensemble des prestations à fournir,» procure la manne à celles concernées. « Après,», selon lui, entre en jeu le “soft-power” d’une « France joyeuse, solidaire par ses bénévoles, efficace et bienveillante dans l’organisation d’un tel évènement, (avec) la beauté intrinsèque de son architecture et de ses paysages». Néanmoins, pour le dirigeant, les retombées n’existeront que « si la France arrive avec le même esprit à traiter les défis qui sont face à nous ».
Et cela passera par un gouvernement rapidement nommé car l’incertitude « coûte cher à la France, à nos entreprises qui ne peuvent pas investir,» a affirmé fin juillet le ministre des Finances Bruno Le Maire. Le président du Medef Patrick Martin décrivait ses champions, le même jour sur Franceinfo : « des gens raisonnables, sensés, pragmatiques, de différents horizons politiques » qui « s’accordent pour que la politique soit lisible, prévisible, stable, rassurante pour les acteurs économiques et donc pour les consommateurs ». (Avec AFP)
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