À deux ans des Jeux de Paris, le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) tangue sérieusement. Sa présidente Brigitte Henriques veut se séparer de son secrétaire général, un divorce qui sera discuté lors d’un conseil d’administration extraordinaire ce lundi 12 septembre à 14h00 et qui plonge l’institution dans la crise. La maison qui chapeaute le sport français est peu habituée aux psychodrames. Elle en vit pourtant un depuis des mois et son épilogue pourrait bien laisser des traces.
Élue en juin 2021, Brigitte Henriques, ex-vice présidente de la FFF, veut désormais se séparer de son (ex-)bras droit, Didier Séminet, un secrétaire général devenu encombrant et avec qui le courant ne passe plus depuis des mois. Mais ce divorce provoque des turbulences inédites dans cette institution et délie les langues. « C’est une catastrophe pour l’image d’unité que nous sommes censés donner en exemple au mouvement sportif, » déplore un président de fédération. « C’est déplorable, et très mauvais pour notre image à moins de deux ans des JO, » regrette un autre.
Guy Drut, ex-ministre des sports sous Jacques Chirac, un des quatre membres français du Comité international olympique (CIO), a même qualifié la situation de “grave” et “dramatique” : « Il y a 25 ans que je suis au CNOSF, je n’ai jamais vu ça. Il y a toujours eu des difficultés entre les présidents et leurs secrétaires généraux, mais ils ont toujours fait en sorte de s’entendre, » a regretté le champion olympique de Montréal après avoir écrit à la présidente.
“Les deux ne s’entendent plus”
Les raisons qui poussent Brigitte Henriques à demander le départ de Didier Séminet ne sont pas encore connues dans le détail. Dans un courrier du 8 septembre, la présidente du CNOSF l’écrit : “Je ne peux pas vous préciser pour l’instant les motifs qui nous ont convaincus, le Bureau Exécutif Elargi et moi-même, de mettre en œuvre cette procédure statutaire”. Un peu plus haut, elle justifiait : “cette proposition“ comme “nécessaire pour la bonne marche de notre institution” et expliquant qu’elle s’inscrivait “dans la continuité du projet [qu’elle] porte depuis le début de [son] mandat de présidente : servir au mieux, à vos côtés, la réussite du sport français”.
Une chose est sûre : le divorce entre la présidente du CNOSF et son éphémère Secrétaire Général est d’ores et déjà consommé. « Il y a un schisme, les deux ne s’entendent plus. Il y a une différence irréconciliable sur la manière de faire, » résume une source proche de la direction du CNOSF. « L’ambiance entre eux est glaciale, ça se voit, » assure un autre président.
La présidente a abordé officiellement la question lors d’un bureau exécutif élargi fin août, où la motion sur un départ de son secrétaire général a été actée. Cette décision doit maintenant être avalisée par un conseil d’administration extraordinaire lundi qui s’annonce animé. « Didier Séminet a des soutiens. Même s’il est clivant, pas sûr que cette sortie se fasse sans éclat, » pronostique un des membres du CNOSF. L’intéressé, joint par l’AFP, n’a pas souhaité s’exprimer.
Des départs non souhaités
Si l’information avait filtré dans les rangs du CNOSF, elle n’a été rendue publique que la semaine dernière lors de la rentrée du mouvement sportif. Le président de la fédération de judo Stéphane Nomis a mis les pieds dans le plat, questionnant la présidente sur ce futur divorce qui n’apparaissait pas sur la convocation du CA de lundi, tout en s’interrogeant sur le climat social au sein du CNOSF. Car cet épisode s’accompagne de plusieurs départs du CNOSF depuis près d’un an, certains volontaires, d’autres non. « Il y a eu moins de cinq départs non souhaités, le reste ce ne sont que des rotations naturelles, » assure une source proche de la direction.
Pour tenter d’apaiser le climat qui s’est singulièrement tendu depuis une semaine, Brigitte Henriques s’est fendue jeudi d’un courrier adressé aux présidents de fédérations et membres du CNOSF. Si elle n’évoque pas clairement les raisons pour lesquelles elle en arrive là, elle évoque une procédure “nécessaire“, “fruit d’une longue et difficile réflexion”.
« Brigitte fait du bon travail, elle tente de changer un peu une maison qui en a bien besoin, » assure une source haut placée dans les arcanes olympiques. « Ce qui est étonnant, c’est l’ampleur que cela prend. C’est assez normal et logique, quand un duo formé entre un président et un secrétaire général ne fonctionne plus, que cela change. Cela arrive dans d’autres organisations. Ça en dit long sur la modernité de l’institution, » analyse cette source. (Avec AFP)
© SportBusiness.Club Septembre 2022