Depuis le Grand Slam de Tel Aviv, un conflit oppose Clarisse Agbegnenou et la Fédération française de judo, contrariée par la décision de la double championne olympique 2021 de porter le kimono de son sponsor personnel plutôt que celui de l’équipe de France.
Que s’est-il passé à Tel Aviv ?
Clarisse Agbegnenou, qui effectuait son retour en compétition au Grand Slam de Tel Aviv (Israël) dans la catégorie des -63 kilos après son congé maternité, s’est présentée sur le tatami avec un kimono de son sponsor personnel Mizuno, alors que la fédération est sous contrat avec Double D, société détentrice de la licence mondiale d’Adidas pour les sports de combat.
Une décision qui est mal passée auprès de la fédération: « Ca nous met en porte-à-faux, je trouve que ce n’est pas respecter l’équipe de France, » avait déploré Stéphane Nomis, le président, dans un entretien à l’AFP. Selon les règles de la Fédération internationale, si le kimono d’un judoka n’est pas réglementaire, celui-ci peut être privé de son entraîneur pendant les combats. Cette sanction a été appliqué envers la quintuple championne d’Europe. Celle-ci a donc été privée de son entraîneur référent en équipe de France, où elle a été éliminée en quarts de finale.
Pourquoi ce choix d’Agbegnenou?
Depuis le 1er janvier 2022, Adidas est l’équipementier officiel de la fédération. La marque a succédé à a succédé à Mizuno. Du coup, tous les kimonos tricolores sont estampillés Adidas lors de toutes les compétitions nationales. Le contrat court jusqu’en 2024. Clarisse Agbegnenou n’avait pas combattu avec un kimono Adidas depuis cinq ans et avait préféré conserver le Mizuno qu’elle avait l’habitude de porter.
« Ils auraient pu me dire: “Ecoute Clarisse, c’est compliqué, ce n’est pas notre équipementier. On sait que tu ne connais pas le kimono donc on peut te le passer pour l’essayer et comme ça tu peux voir si tu peux combattre avec”. (Mais) ils ne m’ont apporté aucune solution, » a regretté la judokate. Elle déplore “un manque de respect” de la fédération.
Comment sortir de cette crise ?
Dans ce contexte, la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, et la fédération prônent le dialogue. L’objectif est de ne pas affecter le parcours sportif de la judoka, grand espoir de médailles aux Jeux olympiques de Paris 2024. L’équipe de France de judo avait remporté huit médailles aux Jeux de Tokyo 2020 (en 2021), dont trois en or.
« On a vraiment besoin que cette championne soit heureuse de porter ce kimono, a déclaré la Ministre. J’ai confiance, on va trouver la solution dans les jours à venir ». Amélie Oudéa-Castéra devrait recevoir Clarisse Agbegnenou prochainement, lors d’une réunion prévue de longue date, rapporte son cabinet. La solution avancée par Stéphane Nomis serait de négocier « une nouvelle convention (un contrat qui définit les droits et devoirs des athlètes envers la fédération, NDLR) et on le fait proprement, calmement ».
Contactée par l’AFP, la fédération assure que “les discussions avancent”, sans pouvoir donner plus de détails, alors que les Mondiaux 2023 qui se dérouleront à Doha, du 7 au 15 mai approchent. L’entourage de la judoka, n’a pas souhaité faire de commentaires.
Pourquoi Teddy Riner bénéficie-t-il d’une dérogation ?
Après plusieurs mois de négociation, Teddy Riner avait été autorisé à arborer le logo Under Armour en 2017 alors que la fédération était encore en contrat avec Mizuno. Depuis 2020, le triple champion olympique et décuple champion du monde porte un kimono estampillé Fight Art, sa propre marque.
« Pourquoi ne suis-je pas traitée de la même manière que Teddy ? Pourquoi me cause-t-on autant de tort ? Peut-être qu’on ne veut pas de ma réussite, » a déclaré Clarisse Agbegnenou sur Franceinfo la semaine dernière. Elle déplorait une “injustice”.
Cédric Dermée, président de Double D et ancien judoka, a indiqué que le choix de Teddy Riner avait été “toléré” lors de la signature du partenariat avec la fédération. « Il porte sa propre marque qui, sur la période, ne nous portera pas préjudice. Par contre, Clarisse porte du Mizuno, notre principal concurrent sur le marché, » a-t-il précisé.
Par Emma Lacoste – Agence France-Presse
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