Football. En Italie des “ultras” infiltrés par la mafia

Justice. La police italienne a mené lundi 30 septembre 2024 une opération coup de poing, sur fond d’infiltration mafieuse, contre les “ultras” des clubs de foot de l’AC Milan et de l’Inter Milan, soupçonnés de contrôler tout un éventail d’activités juteuses autour des stades. La police et les douanes ont arrêté 19 personnes et mené des perquisitions tous azimuts au terme d’une “maxi enquête” dirigée par le parquet antimafia de Milan (nord).

L’enquête a mis au jour “l’existence d’infiltrations criminelles au sein des ultras impliquant les principaux dirigeants” de ces associations de supporters, précise un communiqué du procureur de la République de la ville. Une source policière a indiqué à l’AFP que les chefs des ultras des deux clubs de la capitale lombarde, Luca Lucci (AC) et Renato Bosetti (Inter), figurent parmi les personnes interpellées. Certains mis en cause encourent de lourdes peines de prison pour association de malfaiteurs à caractère mafieux. Les autres sont poursuivis pour extorsion, faux et usage de faux ou encore violences volontaires.

Cette opération survient un mois à peine après la mort d’un supporter influent de l’Inter Milan et membre de la mafia calabraise ‘Ndrangheta, Antonio Bellocco. Il avait été poignardé par Andrea Beretta, un des prédécesseurs de Bosetti, le 4 septembre dernier en banlieue milanaise lors d’une rixe. La mort d’Antonio Bellocco illustre la présence de la mafia au sein des groupes de supporters radicaux dans le football italien, attirée par les revenus tirés de la vente illégale de billets et de places de parking, la restauration ou encore le trafic de drogue.

80 000 euros par mois

Condamné à de multiples reprises pour des faits de violence et trafic de stupéfiants, Andrea Beretta avait pris du galon dans la Curva Nord (le “Virage nord”) du stade San Siro après l’assassinat de Vittorio Boiocchi en octobre 2022. A l’époque, la presse italienne avait fait état d’écoutes téléphoniques dans lesquelles Boiocchi se vantait de gagner 80 000 euros par mois grâce à ses seules fonctions de chef des ultras.

Deux responsables des ultras de l’Inter Milan, Marco Ferdico et Andrea Beretta, sont donc soupçonnés “d’association de malfaiteurs ayant pour objectif de favoriser le clan mafieux Bellocco”, selon le communiqué du procureur. Les ultras de l’AC Milan, installés dans la Curva Sud, ne sont pas en revanche accusés de délits mafieux, a précisé lors d’une conférence de presse Marcello Viola, procureur de Milan, “même s’il y a eu une série de tentatives, qui n’ont jamais abouti à des accords, avec des personnes proches du crime organisé”.

Interrogé par l’AFP, Marcello Viola n’a pas précisé combien d’argent les ultras des deux équipes tiraient de leurs activités, se contentant de citer un homme d’affaires anonyme qui gérait un parking et se faisait extorquer 4.000 euros par mois.

Le procureur a précisé que ni l’Inter ni le Milan, ni aucun membre de la direction des deux clubs, ne font l’objet d’une enquête de la part des autorités qui considèrent que les deux clubs ont été lésés par le comportement criminel présumé des personnes arrêtées. « Il serait faux de dire que tous les ultras sont des criminels, mais il est clair pour tout le monde qu’une partie importante des ultras est impliquée dans des activités criminelles», a déclaré pour sa part Giovanni Melillo, le chef de l’autorité italienne de lutte contre la mafia et le terrorisme. (Avec AFP)

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